La calligraphie chinoise

La calligraphie est l’art de former les signes d’écriture d’une langue. La calligraphie chinoise se singularise par l’originalité et la richesse de l’écriture chinoise. La calligraphie chinoise permet donc un champ d’expression très large.

La calligraphie chinoise la plus connue est celle pratiquée avec un pinceau. Les écoliers chinois apprennent aussi à bien calligraphier les sinogrammes avec un stylo bille ou un style à plume : cette calligraphie est appelée calligraphie au stylo à plume (pas très surprenant comme nom il est vrai !) Ceux qui savent bien calligraphier au pinceau n’ont en général pas une bonne calligraphie au stylo plume et inversement, question de souplesse du poignet.

Dans les temps anciens, les caractères chinois étaient gravés sur des os de boeufs ou des carapaces de tortues, puis sur des bronzes. Ensuite, on fit des livres avec des lattes de bambous reliées. On utilisait certainement une plume de bambou et du noir de fumée pour écrire. La plume de bambou est parfois encore utilisée.

La calligraphie au pinceau se pratique sur du papier de riz ou sur de la soie (plus fragile). Le matériel d’un calligraphe s’appelle les Quatre trésors du Cabinet du Lettré. Il s’agit du pinceau, du papier, de l’encre et de la pierre à encre. L’encre se présente sous forme de bâtonnet que l’on frotte sur la pierre à encre avec de l’eau pour obtenir une encre fluide. Maintenant, l’encre se trouve en petite bouteille, bien plus pratique et de bonne qualité. Mais cette dernière méthode ne permet pas d’avoir toutes les densités voulues.

Une bonne calligraphie était traditionnellement le reflet du niveau de culture d’un lettré. Un bon médecin devait être un bon calligraphe (gloups !) et les concours impériaux pour devenir fonctionnaire mettaient plus l’accent sur la calligraphie du candidat que sur le contenu de la copie !

L’histoire de l’écriture chinoise (plus de 3000 ans !) a permis de développer de nombreux styles calligraphiques. A cela s’ajoute les différentes graphies d’un caractère : en moyenne 3 par caractères. Le caractère bonheur possède par exemple plus de cent graphies différentes. Le calligraphe possède donc déjà un vaste éventail de possibilités. Il peut aussi varier sur les pleins et déliés pour exprimer ses émotions. Il peut calligraphier différemment certains caractères d’un texte pour renforcer ou varier leur sens. Bref, le message que la calligraphie chinoise peut faire passer est très vaste. Certains vont même jusqu’à l’abstraction complète.

Pour apprendre la calligraphie chinoise, il est préférable de connaître les bases de l’écriture chinoise, sinon il faudra l’apprendre sur le tas. On commence par étudier les traits fondamentaux, puis à tracer des caractères dans le style régulier. Ensuite on apprend le style courant puis, enfin, le style de l’herbe très cursif. Les chinois disent que le style régulier c’est comme se tenir debout, le style courant c’est comme marcher et le style de l’herbe comme courir.

Le maintien du pinceau en calligraphie chinoise

En calligraphie chinoise, le maintien du pinceau est très important. On ne peut pas se permettre de le tenir n’importe comment.

Comme un long discours ne vaut pas un bon schéma, voici le maintien habituel du pinceau en calligraphie chinoise

Pour écrire des caractères très petits, le poignet est posé sur la table. Pour des caractères de taille courante, dans un carré imaginaire de 5 à 10 cm de côté, il faut placer l’autre main sous le poignet.

Pour des caractères plus gros, c’est l’avant bras qui repose sur le bords de la table.

 

Pour faire des gros caractère en style de l’Herbe, il faut se tenir debout et maintenir le pinceau par son sommet comme sur le schéma ci-dessous.

Pour les plus gros caractères (appelé Bangshu), on utilise un gros pinceau maintenu de la manière suivante :

Pour calligraphier à la verticale, sur un mur par exemple, le pinceau est maintenu de cette manière :

Mise à part le dernier cas, le pinceau doit toujours rester vertical.

Les styles de calligraphie chinoise

L’origine des caractères chinois remonte à plus de trois mille ans, à la dynastie des Shang (ou Yin ). Nous connaissons l’écriture de cette époque par des inscriptions divinatoires gravées sur des os et des carapaces de tortue : il s’agit du Jia Gu Wen . Plus de cinq mille signes ont été répertoriés mais le sens de beaucoup d’entre eux reste encore incertain ou totalement inconnu. Ils sont pourtant les ancêtres directs des caractères chinois actuels. Découverts le siècle dernier, ils ne sont pas un style de calligraphie chinoise traditionnelle, mais certains calligraphes se plaisent aussi à les utiliser.

Par contre, l’écriture que l’on retrouve sur les bronzes (jinwen) de la dynastie suivante, les Zhou, n’a jamais disparu. Son style de calligraphie est appelé « écriture sigillaire » (zhuanshu ). On distingue le grand sigillaire (dazhuan) et le petit sigillaire (xiaozhuan). Le grand sigillaire regroupe différentes écritures (dont certains caractères Jia Gu Wen qui avaient été préservés) utilisés avant la création de l’empire par le Premier Empereur en 221 avant notre ère. À partir de cette date, la politique d’unfication s’étend aussi à l’écriture. Un seul style de calligraphie chinoise est préservé qui sera appelé le petit sigillaire.

Après la création de l’empire un nouveau style de calligraphie chinoise apparaît : l’écriture officielle ou « des scribes » (lishu). Plus simple que les caractères sigillaires, elle s’écrit plus vite et est donc très appréciée pour l’administration. Les signes sont très proches des sinogrammes actuels et tous les chinois sont capables de les lire ce qui n’est pas toujours le cas pour le sigillaire et encore moins pour le Jia Gu Wen.

Sous les Han, au troisième siècle de notre ère apparaît un nouveau style de calligraphie chinoise, plus élégant appelé « régulier » (kaishu). Obéissant à des règles très strictes il se caractérise par un tracé plus doux et une grande stabilité. C’est le style « normal », celui que les jeunes chinois apprennent à écrire.

Toujours sous les Han, une légère déformation du style régulier donne naissance à un nouveau style de calligraphie chinoise : le style « courant » ou « usuel » (xingshu). Comme son nom l’indique, c’est une version cursive du style régulier qui permet d’écrire plus vite tout en restant facilement lisible. C’est un style calligraphique à part entière

Le style de « l’herbe » (caoshu ) est très ramifié. Il se distingue par une écriture liée, très libre (elle dépasse souvent le carré imaginaire) et difficilement lisible. Les variantes sont très nombreuses.

Ces six styles sont les références en matière de calligraphie chinoise. Mais de très nombreux artistes nous ont transmis leur style propre reflétant leur personnalité. Les œuvres des maîtres anciens permettent donc d’étudier une gamme infinie de variantes.

Les huit traits en calligraphie chinoise

La plus petite unité du caractère chinois est le trait. Le nombre de traits fondamentaux peut être réduit à huit. Avec ces huit traits et leurs variantes, on peut composer 214 caractères basiques appelés « clés » ou plus justement « éléments graphiques ». Tous les sinogrammes (= caractères chinois) sont des clés ou des composés de plusieurs clés.Voici les huit traits fondamentaux introduits par le caractère « éternité » :

Pour bien maîtriser l’écriture des caractères, l’étudiant chinois doit connaître l’ordre et le sens d’écriture des traits composant chaque sinogramme.

En calligraphie chinoise, ces principes sont bien sûr respectés et sont en général connus car un étudiant en calligraphie doit déjà avoir les connaissances de base sur la langue chinoise.

Pour tracer ces traits fondamentaux avec un pinceau, d’autres règles viennent s’ajouter à celles citées ci-dessus.

Le point

  1. On commence en sens inverse de la direction du point pour redescendre par la droite.
  2. On termine en sens inverse tout en soulevant progressivement le pinceau.

Le trait horizontal

  1. On commence en sens inverse par le haut pour prendre la direction du trait par un petit crochet.
  2. Trait régulier à l’horizontale.
  3. On termine en sens inverse en montant d’abord un peu puis en continuant par le bas tout en soulevant progressivement le pinceau.

Le trait vertical

  1. On commence en sens inverse par le haut pour prendre la direction du trait par un petit crochet.
  2. Trait régulier vers le bas.
  3. Relever progressivement le pinceau pour terminer le trait.

Le crochet

  1. On commence comme pour le trait vertical (croquis) ou comme n’importe quel autre trait (car le crochet n’existe qu’intégré dans un autre trait).
  2. Terminer en appuyant selon un angle d’environ 45° vers le côté gauche et relever le pinceau complètement sur la gauche.

Le trait jeté descendant de droite à gauche